Dommage, Eve n'avait pas pu assister à cette façon de se tenir si classieuse de monsieur Sunshine, elle aurait sans doute bien ri. Bien que ridicule, ce côté extrêmement maladroit est aussi énormément attachant, encore plus pour un grand homme comme monsieur Sunshine, qui a sans doute dépassé les 25 ans et qui plus est est directeur d'un internat. En attendant, ce que Eve entendait à présent, c'était un silence, qu'elle ne savait pas comment interpréter sur le moment. Pensait-il qu'elle pouvait lui demander ça par pitié, ou dépassait-elle les bornes ? Elle avait une sorte de crainte, mais elle avait parlé sincèrement. Elle ne regrettait pas, quoi qu'il en soit. 

- Eve, vous êtes réellement une personne incroyable. Je serais ravi en cas de besoin d'avoir l'avis de vos oreilles sur ma situation, et sur ce qui me pèse au coeur. Mais hélas, moi-même je peine à me comprendre certaines fois. Et je ne saurais mettre un réel mot sur ce qu'est ou a été la souffrance pour moi. J'ai été habitué à vivre ainsi, mais...


Eve redressa légèrement la tête, ne s'attendant pas à une réponse si positive de la part de son directeur. Elle sentit la main de monsieur Sunshine sur son épaule, et sentit bien que la relation qu'ils avaient n'était plus celle d'une élève avec son directeur, sans pour autant dire qu'ils étaient devenus amis. Ils étaient sans doute un peu plus proches, mais il n'y avait aucun mot pour qualifier la catégorie qui les liait. Mais ça lui faisait tout de même plaisir, ça lui faisait chaud au coeur. 

- Viendra un jour, ou je le réaliserai. Et enfin , je comprendrais mes souffrances que j'ai peut-être ignoré jusque là. Et ce jour là, Eve, je suis heureux que vous soyez prête à me rattraper dans ma réalité...


A ces mots, Eve tourna très légèrement la tête vers monsieur Sunshine, sans pour autant qu'il ne puisse voir son visage. Il pouvait seulement voir un profil de son visage parsemé de quelques mèches de cheveux. Elle ne bougea pas, pas gênée non plus du contact avec son directeur. Elle esquissa un sourire attendrit par ces mots, l'expression aussi douce que celle d'une mère compréhensive. Pourtant, le sentiment que ressentait Eve en cet instant n'était pas particulièrement maternel. Il était doux, elle ne savait pas ce qu'il était, mais c'était agréable. Elle prit une légère inspiration avant de répondre d'une voix quand même assez douce et paisible.

-Monsieur, vous savez, même si vous pensez des choses qui à vos yeux n'ont pas de sens, ça ne veut pas dire qu'il n'y en a pas. Donc même si vous pensez dire n'importe quoi, vous pourrez compter sur moi pour vous écouter.



Elle leva ensuite assez timidement son regard vers monsieur Sunshine en lui adressant un petit sourire. C'était si rare qu'elle se retrouve dans ce genre de situation, où elle est véritablement sincère avec une personne, donc forcément elle ne dégageait pas la même assurance que d'ordinaire. Son regard n'était plus vraiment pétillant, pas parce qu'elle se sentait triste, mais parce qu'il laissait place à une forme de douceur qu'Eve éprouvait à ce moment là. Elle se sentait heureuse et apaisée même, qu'il accepte de se confier à elle. Elle se sentait flattée, énormément, que lui, que monsieur Sunshine la prenne assez au sérieux pour accepter de lui livrer un bout de sa personne.

-Et ce à n'importe quelle heure monsieur. Même si vous voulez discuter à 3 heures du matin vous avez mon numéro de chambre, je planque toujours des biscuits sous mon lit, vous pourriez venir parler et vous goinfrer gratuitement~

Voilà une nouvelle partie d'elle qu'Eve offrait à monsieur Sunshine. Un côté attentif et peut-être trop dévoué sur le moment, mais Eve était comme ça, elle n'aimait pas faire les choses à moitié. Elle considérait simplement qu'une douleur, dès qu'elle était éprouvée et qu'on pouvait mettre des mots dessus, il fallait la prendre par les cornes avant qu'il ne soit trop tard. Là, ça faisait un peu invitation nocturne il est vrai, pourtant là Eve n'y pensait même pas. Ca ne lui traversait même pas l'esprit, en fait. Elle voulait juste lui faire comprendre qu'elle pouvait être aussi là pour lui à n'importe quel moment. Sans doute prenait-elle son désir de s'approcher de monsieur Sunshine comme il l'avait approchée trop à coeur, mais Eve était ainsi, une fois qu'elle s'ouvrait, elle était dévouée. A tord ou à raison, elle n'en savait rien. Elle était seulement de cette manière, et elle n'allait pas le nier. Après tout, monsieur Sunshine était lui aussi un être spontané, elle savait qu'il n'interprèterait pas mal ses paroles.

-Monsieur, vous savez, même si vous pensez des choses qui à vos yeux n'ont pas de sens, ça ne veut pas dire qu'il n'y en a pas. Donc même si vous pensez dire n'importe quoi, vous pourrez compter sur moi pour vous écouter. 

La voix de la jeune fille était terriblement douce,  terriblement agréable. Et la portée profonde de ses mots l'était tout autant. 
C'était incroyable à son âge, de savoir tout ça. D'être capable de faire preuve d'autant de sagesse, de compréhension, face à quelqu'un considéré de totalement dingue. Même les plus grand psychiatre, du plus adorable au plus salaud, n'arrivaient pas à le saisir de cette manière. Leur principe était toujours le même. Partir de l'idée qu'il était dingue, et qu'il existait une raison à cela. Qu'il fallait lui trouver un remède, juste ça. Et c'était peut-être pour cette raison qu'à chaque consulte, il se faisait paraître pour encore plus malade, plus déluré, pour s'assurer que leurs affirmations étaient totalement exactes. Mais c'était ça, sa façon de vivre. Rendre tout rose, tout beau, tout joyeux. Et en avoir autant à foutre qu'un chat. Rien pour lui ne méritais d'être pris au sérieux. 
Le sérieux ? En fait, voilà sa phobie. A chaque fois qu'il s'en voyait victime, il le prenait du mieux possible, mais n'arrivait jamais à tenir longtemps. Etre sérieux pouvait très bien être un atout quand il s'y mettait sérieusement, car il s'avère qu'il cache en lui une pensée plutôt intelligente, impressionnante. Mais non. Il cachait sa derrière ses affirmations illogiques, ses histoires de poneys, de licornes, tout. Rester sérieux ? Ce n'était que pour 5 secondes. Rien que 5 petites secondes. Sourire était un automatisme pour lui. Et il était déjà pris pour fou après tout. Alors pourquoi être sérieux si personne ne le prenait comme tel ?
Il sourit un peu, attendant sagement la suite des paroles qui ne tarda pas à arriver. Avec ce sourire tout bonnement adorable. Et ses yeux pétillants. 

-Et ce à n'importe quelle heure monsieur. Même si vous voulez discuter à 3 heures du matin vous avez mon numéro de chambre, je planque toujours des biscuits sous mon lit, vous pourriez venir parler et vous goinfrer gratuitement~

Et il en avait rit. Rit, dans le côté positif. Car là, Eve avait tout compris. Elle voyait bien comment il fallait s'y prendre avec lui. C'était incroyable, mais il avait trouver la perle rare. Cette fille, s'il pourrait, il l'aurait de suite adopté. Ou bien il en aurait fait son chat, étant donné sa démarche totalement ressemblante. En fait, peu importe. L'avoir dans son entourage lui aurait causé le meilleur des bonheur. 
Mais là, ce n'était que son élève. Enfin, désormais un peu plus, étant donné la relation de confiance qui s'était doucement installée entre eux. Il en était ravi, joyeux, totalement comblé. Une élève comme ça, Dieu sait à quel point il en avait rêvé. 
Il frotta ensuite gentiment à nouveau les cheveux de Eve, geste qu'il n'accordait en général qu'à peu de personnes. Il l'avait déjà fais deux fois avec elle . Et c'était toujours avec joie, car il faut dire que cette jeune fille avait désormais une place bien importante pour lui, dans ce collège.

- J'en serais ravi, ma chère ! Je saurais donc ou vous trouver, et je me presserai pour venir vous voir. Il m'arrive d'avoir de petits chagrins quand je regarde par exemple des séries télévisée qui terminent mal, ou quand je regarde des émission récentes et que je manque de vomir devant le pâle jeu d'acteur de certaines personnes, avec un langage qui m'échappe souvent... 

Il sourit en haussant les épaules, souriant toujours. Il ne se faisait pas très souvent au langage employé par les personnalités telles que Nabilla ou autre. Le mot "Swagg" lui échappait littéralement. Et cela en compagnie de "Seum", "Wesh" ou autre trucs dans ce genre. Il avait déjà tenter de placer ses mots dans ses phrases, mais uniquement pour se foutre ouvertement de la gueule de ce type de personnalité. Un élève une fois l'avait abordé de ceette manière, et il s'était mis à l'imiter pour lui faire comprendre à quel point c'était amusant dans le fond, ce genre de langage. Et que si lui, il semblait ridicule avec ces mots, et bien il devrait lui aussi se sentir peu-crédible. 
Mais heureusement, il avait trouvé la une perle rare, dont les paroles et la douceur de caractère lui apportait foi en la génération d'aujourd'hui, qu'il commencait petit à petit à perdre en voyant les jeunes souvent se virer volontairement au ridicule pour attirer l'attention. Avec toutes ses émission de téléréalité, toutes ses filles qui tombent volontairement enceinte pour imiter leurs amies... C'était à en déprimer.

- Mais je sais que le chagrin que vous attendez de moi est beaucoup plus important que de pâle petites larmounettes. Et dès qu'il viendra, j'en suis désolé, mais je serais forcé de vidé entièrement vos paquets de biscuits... J'espère que vous me pardonnerez cela le jour venu, ma chère Eve ! ~

Eve eut grand plaisir à écouter le petit rire de monsieur Sunshine, il était tellement authentique... Il avait un sourire de gamin, en fait. Ca lui faisait une bouille tellement adorable. En fait, quand Eve regardait son directeur, elle voyait à la fois une personne droite sur laquelle on peut se reposer et lui faire confiance, elle voyait un rôle, mais de manière plus effacée, puis... Un enfant, dont elle avait envie de prendre soin, si lui le voulait bien. Pas dans le but de le changer non, loin de là. Mais juste s'en occuper un peu. Réflexion déplacée de la part d'Eve vu qu'il s'agit quand même de son directeur, mais elle le pensait pas de manière rabaissante pour lui, au contraire. Elle trouvait ça attachant d'avoir en soi un homme droit et responsable ainsi qu'un gamin adorable. D'ailleurs, elle ne put s'empêcher d'imaginer monsieur Sunshine enfant, ce qui donna ça dans sa tête "...Oh... Rooow... ROOOOW IL EST TROP MIGNOOOOON!!!~~~" ... A un degré légèrement plus élevé que si elle parlait d'un écureuil. Mais ça va, elle intériorisait très bien son instant d'hystérie. Son cher directeur lui frotta la tête, et même si donner l'allure convenable à ses cheveux lui coutait un peu de temps le matin, elle se laissait docilement faire, aimant ce geste de la part de monsieur Sunshine. En fait, y avait que lui qui pouvait la main sur elle de cette façon. Un peu protectrice et tendre d'une certaine manière, totalement pure. En fait, monsieur Sunshine avait tout bêtement dompté Eve.

- J'en serais ravi, ma chère ! Je saurais donc ou vous trouver, et je me presserai pour venir vous voir. Il m'arrive d'avoir de petits chagrins quand je regarde par exemple des séries télévisée qui terminent mal, ou quand je regarde des émission récentes et que je manque de vomir devant le pâle jeu d'acteur de certaines personnes, avec un langage qui m'échappe souvent... 

Eve pouffa un peu de rire, son témoignage d'hilarité restant tout de même en fond de gorge. Elle ne gloussa pas comme une dinde pour autant, son rire s'entendait juste un peu moins que d'ordinaire, alors qu'elle est quand même discrète dans ces moments là... Quand elle est en mode sortie on va dire. Mais là même si elle devait rire comme un boucher bien gras elle ne l'aurait pas fait, parce qu'elle ne rit pas constamment comme un Pumba dégueulasse. Elle était amusée de voir sa façon de dédramatiser une phrase sérieuse, même si tout de même ce genre de sujet devenait inquiétant pour l'humanité, et Eve trouvait elle aussi parfois que les comportements de sa génération étaient déplorables voir désespérant. Ca s'annonçait mal pour les prochaines générations. 

- Mais je sais que le chagrin que vous attendez de moi est beaucoup plus important que de pâle petites larmounettes. Et dès qu'il viendra, j'en suis désolé, mais je serais forcé de vidé entièrement vos paquets de biscuits... J'espère que vous me pardonnerez cela le jour venu, ma chère Eve ! ~

A ce moment précis, plusieurs pensées vinrent en même temps dans la petite boite crânienne d'Eve. Tout d'abord, c'est que pour manger autant de gâteau, monsieur Sunshine devait en avoir du chagrin, et malgré ça il souriait. Ca lui serra un peu le coeur comme pensée. Elle percevait une forme de solitude chez lui, assez profonde. C'était le fait de sentir cette sensation qui lui serrait le coeur. Peut-être qu'elle se trompait, ou peut-être pas. Elle le saurait sans doute assez tôt, parti comme c'était parti. Il ne refusait pas de venir la voir si il avait quelque chose qui l'attristait, c'était pour elle une preuve de proximité et de confiance, et elle en fut grandement touchée. Elle percevait un peu le fond de monsieur Sunshine, comme un murmure au loin, enfin, sans doute n'était-ce qu'une impression. Bon, ainsi donc il fallait prévoir un stock de boites de biscuits. Eve esquissa un large sourire, amusée cette fois, perdant un peu de son sérieux. Mais bon, le message principal était passé et comprit, c'était déjà ça.

-D'accord, j'irai dévaliser le pakistanais près de l'internat pour avoir autant de biscuit qu'il vous faudra pour vous consoler, mais en revanche j'aimerais que vous évitiez de morver comme un gros dégueulasse dans mes draps, parce que je dors dedans, mais si vous voulez évacuer vos muqueuses sur mon t-shirt c'est pas grave, ça se change plus facilement~

Bon, c'était un peu ingrat de la part d'Eve vu que tout à l'heure monsieur Sunshine semblait être prêt à lui offrir n'importe quoi pour laisser couler Mickey et ses copains, mais bon elle n'avait pas beaucoup de change de draps, puis si ça pouvait être une bonne raison pour huger monsieur Sunshine elle n'allait pas la laisser échapper. Eve aimait les étreintes, mais pas lorsqu'il s'agissait d'essuyer ses faiblesses, elle était trop fière pour ça. Une autre idée lui traversa la tête. Ils étaient là, à parler, mais ça pouvait encore durer des heures parti comme c'était parti, peut-être était-il temps qu'elle aille chercher le précieux de l'estomac de son cher dirlo, elle allait revenir de toute façon. Elle reprit un air un peu plus sérieux, mais sans cesser de sourire, l'expression parfaitement sereine, et sincère pour une fois. Elle se sentait tellement bien maintenant, son coeur avait sans doute été allégé des larmes qu'elle avait versé. Et puis autre raison de son expression actuelle, elle se sentait terriblement bien avec monsieur Sunshine, complètement à l'aise.

-Bon monsieur, je vais aller chercher votre part de gâteau au chocolat, j'en prendrai une bien grosse, je reviens tout de suite après~

-D'accord, j'irai dévaliser le pakistanais près de l'internat pour avoir autant de biscuit qu'il vous faudra pour vous consoler, mais en revanche j'aimerais que vous évitiez de morver comme un gros dégueulasse dans mes draps, parce que je dors dedans, mais si vous voulez évacuer vos muqueuses sur mon t-shirt c'est pas grave, ça se change plus facilement~

Tout d'abord, un instant de réflexion s'était imposé. La dernière fois que Mr.Sunshine avait fais la rencontre d'un Pakistanais, c'était dans le but que ce dernier puisse lui vendre des roses. Mais désormais, il s'agissait de biscuits ? Lui qui croyait qu'ils ne vendaient que des fleurs, voilà qu'ils ont trouvé un moyen de s'en mettre encore plus dans la poche. Quels perspicacité ces Pakistanais, quel perspicacité...
Il eut ensuite un petit rire doux à l'entente des mots de la jeune fille, imaginant mal les restes de ses muqueuses se tremper sur le lit tout propre de Eve. Il n'oserait même pas faire une telle chose à une jeune élève qui prend surement soin chaque jour de bien faire son lit et bien le changer. Bon, s'il s'agirait d'un élève qui prend autant soin de son lit que d'une mouche, il ne se serait pas gêner d'aller cracher tout son nez sur ses draps et même d'y cracher si l'envie y suit, MAIS LA nous parlons de quelqu'un de soigné. Car oui, même le directeur tiens à ces draps qu'il veille à toujours commander dans le meilleur endroit pour les nouvelles chambres. Quelqu'un qui n'en prendrait pas soin aura le droit à un sourire le plus noir. Oui, car bon, même si Sunshine éprouve pour vous la haine la plus profonde du monde, il ne ferra que vous sourire. Car il sait qu'il n'y aura rien qui pourra vous faire plus chier que de le savoir heureux malgré vos remarques négatives à son égard.

-Bon monsieur, je vais aller chercher votre part de gâteau au chocolat, j'en prendrai une bien grosse, je reviens tout de suite après~

Et finalement, il la voyait désormais prête à partir. C'était presque étrange après tout le dialogue qu'ils avaient eut.
Il voyait maintenant en Eve une fille incroyable. Une personne qui semblait aux premiers abords plutôt calme, mais il sentait bien qu'elle avait cette petite étincelle de folie, qu'il mourrait de découvrir un jour. Ce large sourire qu'on ne sors qu'avec nos meilleurs amis, il était capable de le ressentir. Il aimerait tant le voir, un jour. Il sera prêt à se battre pour ça. Une fille ayant été si forte toute sa vie, ayant franchit les étapes sans se laisser abattre par les moment négatif que cette sale garce de vie lui aura surement offert... Et qui avait été capable de laisser libre court à ses sentiments, là, dans ce bureau ou les gens faisaient la queue pour en sortir le plus vite possible...
Incroyable. Il la trouvais juste...Incroyable.
Il la laissa donc partir, sans chercher à la garder dans la salle. Doucement, il rejoignit son bureau, se posant tranquillement sur sa chaise de bureau, désormais par miracle à la bonne taille. Il retira doucement de son col sa montre à gousset, l'ouvrant afin de vérifier l'heure. L'après-midi partait doucement. Et il n'était pas réellement fan de la nuit.
Il la referma ensuite en la rangeant à nouveau, et en adressant un mince sourire à la jeune fille, même s'il elle ne le verrait peut-être pas, étant sur le point de franchir le seuil de la porte.

- Oui, ma chère Eve, faites-donc. Prenez votre temps, je n'apprécierais point de vous presser ! Et mon estomac n'est pas un impatient... Faites attention à vous.

Il disait ça à chaque élève qui sortait de son bureau. Il savait que les clans rodaient, que certains n'avaient pas de pitié. Que l'élève en face de lui soit apprécié ou pas, il le disait toujours. Et ce n'est que le jour ou il ne le dira plus que l'ont pourra réellement s'inquiéter de l'état du collège.
Il s'adossa à son siège, l'observant partir en gardant ce sourire naturellement mesquin, et quasiment involontaire.
Il était temps de patienter sagement, monsieur le directeur. Comme vous le faites si bien.

Monsieur Sunshine lâcha un petit rire, loin d'être vexé du fait qu'Eve refusait qu'il puisse morver comme un gros dégueulasse dans ses draps. Eve aimait le petit rire de monsieur Sunshine, elle le trouvait mignon et agréable à entendre. Puis il s'éloigna d'elle pour la laisser partir et regagner son bureau, laissant Eve entrouvrir la porte.

- Oui, ma chère Eve, faites-donc. Prenez votre temps, je n'apprécierais point de vous presser ! Et mon estomac n'est pas un impatient... Faites attention à vous.

Eve esquissa elle aussi un sourire que monsieur Sunshine ne pourrait pas voir puisqu'elle lui tournait le dos, un sourire calme et apaisé. Faire attention à elle, elle le faisait déjà. Elle soignait son apparence au maximum, sans pour autant ressembler à une dinde tombée dans un pot de peinture (au contraire elle détestait cette manière de se peinturer la gueule, c'était beaucoup trop superficiel pour elle, et trop long à retirer le soir, de plus elle n'avait pas de marteau piqueur dans sa chambre pour fissurer les nombreuses couches de fond de teint que certaines filles pouvaient avoir sur la tronche), était à la tête d'un gang qui était loin d'être celui qu'on détestait le plus, et son allié faisait partie d'un gang effrayant. Eve faisait le plus attention à elle possible, mais bien sûr ses points noirs étaient invisibles. Mais maintenant, elle savait que sa proximité avec monsieur Sunshine l'aiderait beaucoup à être plus paisible en elle. Elle savait que son bureau était ouvert à elle, et elle n'hésiterait pas à aller le voir en cas de problème, si vraiment ça urge. Il ne faut pas oublier qu'Eve est quelqu'un de fier, elle aime s'en sortir à peu près seule. Elle ne voulait pas se reposer entièrement sur quelqu'un et devenir dépendante, elle avait déjà tant ramer pour réussir à se débrouiller seule, puis elle pensait déjà au jour où elle aurait à quitter l'établissement. Plusieurs choses se bousculaient dans sa tête, en fait. Il valait mieux voir comment le temps ferait évoluer les choses, au lieu de tout tracer soi même. C'est bien d'être prévoyant, mais pas trop.

-Ne vous en faites pas monsieur, je reviendrai en un seul morceau, avec celui de votre gâteau~.

Elle quitta ensuite la salle pour se diriger vers le self, l'air de rien. Elle ne voulait pas que les gens sachent ce qui s'était passé dans le bureau de monsieur Sunshine, que ce soit le fait qu'elle s'était aperçue du fait qu'il était absolument adorable ou qu'elle s'était laissée aller avec lui. Elle traversa le couloir de son éternel pas léger, laissant ses cheveux flotter au vent au gré de ses pas (puis elle avait pas le choix surtout), avant d'apercevoir le self un peu plus loin. Si elle tombait sur une personne qui lui demanderait comment ça s'est passé et comment est le directeur ? Oui, elle répondrait qu'il est comme les rumeurs le disent. Fourbe ? Du tout. Elle refusait juste l'idée que les élèves témoignent de l'attention à monsieur Sunshine comme si il s'agissait d'une nouvelle espèce de singe qu'on va voir au zoo. Les choses devaient rester comme elles l'étaient là, et si quelqu'un devait voir le vrai visage de monsieur Sunshine, ce serait par ses propres moyens. Elle ne voulait pas pousser ceux qui avaient pu baver sur la prétendue folie du directeur s'approcher davantage pour nourrir leur rumeur et un éventuel journal de l'internat, on sait jamais, les gens peuvent être parfois si cons...
Elle arriva face aux étalages de gâteaux, plutôt bien vernis ici. Eve aimait la façon dont les frigidaires étaient remplis dans cet internat, pour ça qu'elle faisait souvent des escapades nocturnes pour piquer de la bouffe. Ca l'étonnerait même pas de croiser monsieur Sunshine une nuit, venu pour piquer de la nourriture lui aussi, cette idée l'amusa pas mal d'ailleurs. Elle chercha alors parmi les assiettes où se trouvait la part de gâteau au chocolat la plus belle et la plus grosse, puis opta pour l'avant dernière vers le fond. Pour elle, elle se servit une simple part de fraisier sans plus faire attention à une particularité, puis repartit dans le sens inverse pour se diriger vers le bureau du directeur. Si quelqu'un la prenait en flag avec ses gâteaux aller vers le bureau de monsieur Sunshine ? Elle hausserait simplement les épaules en disant qu'elle avait envie avec un grand sourire le plus décontracté du monde. Eve s'en voulait un peu de jouer double jeu dans le fond, et de ne pas pouvoir dire qu'elle aimait beaucoup le directeur à cause du fait qu'elle soit la chef des Yellow Style. Qui sait ce qui pourrait se dire... Elle ne serait déjà plus prise au sérieux dans son gang, vue comme une éventuelle balance et la relation de confiance qu'elle avait pu instaurer entre elle et ceux qu'elle avait approché serait réduite à néant. De plus, certains s'amuseraient sûrement à colporter des rumeurs disant qu'Eve et monsieur Sunshine ont couché ensemble, ce qui favoriserait un renvoi du directeur pour tout ceux qu'il agaçait à toujours sourire et ne rien prendre au sérieux. Et ça, c'était hors de question pour Eve. Elle préférait encore cracher dans son dos à contre-coeur plutôt que de témoigner le fait qu'elle l'apprécie beaucoup, et même qu'il l'attire. Ce serait beaucoup trop risqué. Par chance, aucun élève ne vint se mettre sur sa route. Elle se trouvait face à la porte de monsieur Sunshine quand une idée odieuse traversa son esprit. Si elle veut le voir souvent pour discuter par exemple, et qu'un jour ses nombreuses visites étaient découverte ? Si le fait qu'elle était une chef de gang pouvait causer un danger pour elle, son frère et monsieur Sunshine ? Il était impossible pour elle de jeter l'éponge et abandonner son gang, ainsi que la forme de sécurité qu'elle offrait par son titre à son frère. Elle posa son assiette de fraisier sur son avant bras pour poser sa main sur la poignée, se disant qu'elle réfléchirait à ce problème après cette visite, là elle ne voulait pas tirer une tête de six pieds de long à monsieur Sunshine et profiter de son gâteau. Elle ouvrit ensuite la porte en abordant un grand sourire de jeune femme comblée, semi faux, mais elle s'était tellement entrainée à le faire que même au plus profond de ses rétines le problème qui la secouait à présent était indétectable.

-Me revoilà~

Puis en refermant la porte, elle pensa à un autre problème, d'où son bug et le fait qu'elle se stoppe net, avec l'intégralité de son visage qui se cassa la gueule intégralement, telles les deux tours jumelles que nous commémorons tout les 11 septembre.

-... Merde... J'ai oublié de toquer...

Et voilà. Eve, tellement à l'aise avec monsieur Sunshine et tellement spontanée normalement quand elle ouvre une porte qu'elle avait oublié de frapper avant d'entrer. Elle savait que monsieur Sunshine ne lui en voudrait pas et ne la ferait pas recommencer sa manoeuvre (pour pouvoir bouffer son gâteau plus rapidement sans doute). Fallait qu'elle se rattrape. Elle se retourna vers monsieur Sunshine en se mordillant la lèvre et prenant un sourire gêné comme si elle s'apprêtait à rire nerveusement, l'air désolée.

-Euh... Désolée j'le referai plus...? ^^'

Et donc, le jeune directeur avait laissé Eve prendre le chemin du réfectoire pour aller lui chercher son gâteau. Son cher, et tendre gâteau qui lui faisait baver tel une fontaine dans son lit alors qu'il comptait les moutons. Sauf que ses moutons à lui, ils étaient la plupart du temps fais de chocolat afin de le faire encore plus baver sur place. En fait, à se demander si ce n'était pas dans ses rêves stupide et la plupart du temps dénoués de sens qu'il puisait ses habituelles conneries et ses propos sans queue ni tête. Mais cela, mes amis, restera éternellement un mystère pour nous.
Enfin, que disais-je ? Eve n'était pas encore partie. Du moins, pas sans prononcer encore quelque paroles avant de franchir la porte. Des paroles auxquelles Mr.Sunshine porta la plus grande des attention, habitué désormais à offrir toute son ouie et son attention à la jeune fille avec qui il avait partagé un moment des plus intéressants.

-Ne vous en faites pas monsieur, je reviendrai en un seul morceau, avec celui de votre gâteau~.

Et elle laissa la porte faire office de ponctuation lors de ces mots après l'avoir fermé.
Il était surprenant, mais le directeur n'entendait pas les pas de Eve derrière la porte. Ni même un quelconque bruit, ni même le moindre petit signe d'une existence à l'arrière de cette porte. Juste un long silence. Pas celui qui nous étouffe, pas celui qui nous perturbe. Celui qui nous apaise. Et il était tellement mieux d'entendre ce genre de choses plutôt que d'entendre des talons de jeunes donzelles qui accourait vivement dans les couloirs en claquant le sol aussi brutalement que leurs rires insupportablement aigus, ou des mecs qui crachaient au bord des murs en lâchant leur cri représentatif qui s'apparente à un "AIIIIIT'Z WESH SISI MEC" qui serait capable de provoquer le suicide d'un dictionnaire quelconque dans le bout du monde. Pour résumé, le silence que laissait Eve derrière elle envahissait le bureau d'une ambiance détendue et particulièrement agréable.
C'était un peu comme son entrée dans le bureau et dans ce que l'ont pourrait comparer dans celle de la vie du Directeur. Elle était entrée silencieusement, sans crier gare dans la vie de cet albinos, qui n'avait même pas entendue son arrivée. Cette fille, aussi discrète et calme soit-elle, avait pourtant réussi à s'imposer dans la vie du jeune homme aussi facilement que ce que l'ont pourrait espérer.
Et pendant qu'elle partait, Mr.Sunshine n'avait pas trouvé mieux à faire que regarder ses mots croisés fraîchement posé sur son bureau.

-... Haa. Il va falloir attendre avant que je ne vous trouve, mes chers petits mots !

Il pris le magazine un court instant en le reposant ensuite sur le côté, puis alla doucement se poser sur sa chaise toujours aussi mal réglée. Puis, un sourire, léger mais prometteur, se dessina sur ses lèvres fines et mesquines.
Il ouvrit un de ses tiroirs, avant de sortir SON TRESOR.
Son bien aimé, son âme soeur. La personne avec qui il partagerais volontiers sa vie, dans le bonheur et l'amour le plus sincère. Une personne qu'il ne laisserait jamais tombé , peu importe les aléas de la vie. Celle qu'il gardera au chaud la nuit, qu'il couvrira d'une seconde couverture durant les nuits d'hivers les plus impressionnantes. Celle pour qui, il donnerait sa vie, et plus encore.
Mais leur relation était interdite. Dieu savait, que le collège privait ce genre de couple. Cette situation était marquée au fer rouge dans le réglement. Ils vivaient là, une reprise parfaite de Roméo et Juliette.
C'était une femme belle, au cheveux d'un brun magnifique. Personne, personne ne pouvait avoir des cheveux d'une beauté pareille . Ni même vous. Ni même moi. Chaque regard que l'ont posait sur elle sentait l'envie, le désir d'avoir ce qu'elle avait. Je suis certaine que vous, petite personne devant votre écran, seriez prêt à donner votre vie pour une seule mèche de cette jeune femme.
Mes amis. Soyez prêt.
Faites la rencontre de Prussy. La petite gerbille adoptive du Directeur. De quoi lui donner un combo + 1000 de virilité.

- Alors ma puce ? Tu vas bien ? Tu n'avais pas trop chaud là dedans ? \o Excuse moi...Mais tu sais bien que si quelqu'un découvre notre petit secret, nous risquons de nous faire exclure du collège ! Les animaux sont interdis ici tu le sais bien ! Quel stupide règle...

Fit-il tel un idiot de premier rang, car c'était bel et bien lui qui avait écrit de son stylo les règles de cet établissement dont il en était le roi. Et cela sans que son père ne lui dise "Regarde Simba...Tout ce qui baigne dans la lumière, un jour, sera à toi...". Non, lui il avait surtout eu droit à l'intelligence de Timon et Pumba qui le pousse à se demander constamment si il est mieux de manger croustillant ou fondant.

- Et qui plus est, je t'ai acheté récemment des nouvelles croquettes pour que tu pui-
- Me revoilà~

Et bam. Un terroriste venait de lâcher une bombe dans le petit coeur fragile du directeur qui saute de frayeur sur son canapé en se voyant surpris de cette entrée innatendue . Et, geste fais, le petit rongeur panique aussi et va donc trouver refuge à l'intérieur du col du directeur qui tente de rester stoique face au petite griffes de l'animal qui redessinait sa peau tortureusement. Et il semblait trop concentré à retenir sa souffrance pour remarquer que Eve réalisait son oubli de toquer à la porte. Ce ne fut que lorsqu'elle se tourna qu'il réagit en esquissant un mince sourire crispé qu'il tentait de faire paraître comme étant naturel.

-Euh... Désolée j'le referai plus...? ^^'

Le directeur eu un instant de réflexion sur ce qu'elle excusait, et tenta de prendre une pose convenable sur sa chaise, bien que son gosier étouffait les quelques cri de souffrances intérieur qu'il retenait en lui. Il sourit largement , ne pouvant même pas en vouloir à Eve tellement le visage de cette dernière un peu gêné était plutôt amusant à voir. Et cela même s'il ignorait totalement la raison de sa gêne. Mais autant prétendre savoir que avouer ne rien connaître.

- C-Ce n'est rien, ma chère Eve ! Prenez donc place, le chemin jusqu'au self a du vous paraître épuisant \o ' ...

Fit-il bêtement tout en tapotant le bureau face à lui, et en se trimoussant comme une danseuse de lambada sur son siège pour essayer de faire fuir le rongeur par l'un de ses trous. Et non je ne sous-entend absolument rien de pervers là derrière. Ni monsieur Sunshine d'ailleurs. Le seul truc le plus cochon qu'il aie dit dans sa vie n'a été que le mot "Jambon".

- Et merci beaucoup d'avoir pris la peine de faire ce trajet pour moi, je suis ravi ! RAAAH...vi ! ~

Rajouta-t-il en fin de son petit râle de douleur pour donner un air tout à fais commun à ces mots, malgré le côté suraigu de son petit cri discret qui lui donnait un air aussi naturel que la poitrine de Nabilla. Mais je ne m'étendrait pas sur le côté totalement superficielle de cette jeune femme qui ne me fais réfléchir qu'à l'efficacité des moyens d'exécutions pour les humains tels qu'elle.

- C-Ce n'est rien, ma chère Eve ! Prenez donc place, le chemin jusqu'au self a du vous paraître épuisant \o ' ...

N'ayant en rien remarqué l'état de son cher directeur, Eve referma doucement la porte, en se mordillant la lèvre une fois dos à lui, genre "oups merde, faut pas que j'fasse ça", grimaçant un peu. En se retournant par contre, elle se rendit compte qu'il... Etait aussi actif qu'un lombric se débattant au bout d'un hameçon. Une envie pressante peut-être. Sans doute savait-il qu'Eve allait revenir et il ne voulait pas quitter son bureau en sachant son retour proche, infligeant ainsi une torture à sa vessie. Ce genre d'attitude ne surprendrait même pas Eve de la part de son directeur. Donc elle s'imaginait qu'il brûlait d'une envie torrentiel de soulager sa vessie, alors qu'il ne subissait que les déplacements d'une petite gerbille. Puis elle ne se voyait pas dire "monsieur de Directeur allons, il ne faut pas se retenir comme ça pour moi, allez donc soulager le fardeau liquide que votre corps humain vous inflige". Enfin si justement, elle se visualisait lui dire, et c'est justement pour ça qu'elle jugeait que malgré leur proximité ce ne serait peut-être pas une bonne idée de le lui dire.

- Et merci beaucoup d'avoir pris la peine de faire ce trajet pour moi, je suis ravi ! RAAAH...vi ! ~

Elle avait commencé à s'avancer, puis s'était brusquement arrêtée en voyant l'expression crispée sur le visage de monsieur Sunshine, ainsi qu'en entendant le son de sa voix. La tout de suite, elle visualisait presque Willy Wonka dans une situation embarrassante, du moins sur ses expressions. En fait, cet homme lui faisait penser à certains rôles qu'avait tenu cet acteur génial et bourré de charme qu'est Johnny Depp. Etant d'une naturel expressif, Eve avait incliné la tête en plissant un peu les yeux, se demandant ce qu'il pouvait bien avoir, puis elle se souvint qu'il avait envie de faire pipi (oui, elle avait adopté cette idée) et que donc parfois on ne contrôlait pas forcément son corps. D'ailleurs, pour lui donner le signal que si il voulait aller soulager sa vessie, elle se mit à parler comme lui, pour faire une sorte de jeu. Elle se remit alors en marche avec un grand sourire, un sourire chaleureux et malicieux.

-Eh bien si vous l'êtes je suis RAAAAAAAvie aussi~

Elle retint un petit rire, puis s'arrêta à un mètre du bureau du dirlo avant de faire une courbette élégante et gracieuse, laissant les traits de son visage se détendre, et posa l'assiette sur laquelle le gâteau tant convoité par monsieur Sunshine prenait fièrement place. Puis, elle rajouta d'une voix joueuse.

-Monsieur est servi~

Puis, en relevant un peu les yeux vers son directeur, Eve remarqua quelque chose d'étrange... Un truc poilu qui bougeait. Un rongeur, dont elle ignorait la classification exacte. Ce truc pouvait être une souris, un rat, une gerbille, peut-être un hamster, mais en tout cas c'était trop petit pour être un chinchilla. Quoi qu'il en soit, elle avait cramé son directeur avec une bestiole interdite à son plus grand regret dans l'établissement. Elle désirait tant avoir un chat. Et pourtant, pas une seule once de jalousie ou de révolte face à un manque de justice ne fit son apparition dans son âme. Non, elle était plus amusée qu'autre chose. Et puis, bien sûr que non qu'elle ne balancerait pas son cher directeur. Elle releva alors son regard noisette vers lui, l'expression taquine et amusée, un sourcil légèrement haussé avec un rictus légèrement narquois, sans pour autant qu'il ne soit mesquin. Non, Eve se sentait juste un peu joueuse.

-Eh bien monsieur, vous me faites des cachoteries?~

Dans la vie, il y avait quatres choses que Mr. Sunshine faisait très mal. Tout d'abord, c'était mangé avec des baguettes dans les restaurant chinois. Dieu sait dans quel pays attérissaient ses baguettes à chaque fois qu'il tentait de les manier mais qu'il les tenait avec la délicatesse d'un éléphant. Ensuite, c'était savoir réglé le pommeau de douche de manière à ce que l'eau reste toujours tiède et ne pars jamais dans le chaud. A chaque fois, soit il se prenait le Pôle Nord en pleine gueule, soit une coulée de lave brûlante sur le visage. Jamais la perfection demeurait jusqu'au bout. Ensuite encore, il s'avérait que son talent pour la course excellait celle d'un escargot sec qui serait filmé au ralenti. Cela nous mène au quatrième , qui est son talent exorbitant pour jouer les acteurs. Et effectivement, son sourire crispé et sa gesticulation débile trahissait le naturel qui tentait de faire paraître, et montrait clairement son mal être avec cette gerbille en pleine découverte de son anatomie.
Le visage de Eve, lui, prouvait parfaitement que le jeu d'acteur de Mr.Sunshine aussi frappant que déboussolant irait faire parler de lui. Et oui. Les ressembles avec Johnny Deep ne sont surement pas aussi liée à sa façon de jouer un rôle.

-Eh bien si vous l'êtes je suis RAAAAAAAvie aussi~

Face à cette petite plaisanterie quand à la façon surprenante qu'il avait eu de prononcer le mot "Ravi", Mr.Sunshine réussi à décrocher un rire qui lui venait du coeur et non pas de l'amère sensation de se faire déchiqueté la peau par des griffes de patounes de rongeur. Il le prouvait même en réussisant pendant un court instant à se remettre droit, mais hélas, un petit coup de dent bien placé dans son dos le fit grimacer légèrement et hurler de souffrance intérieurement comme si cette torture lui brûlait les organes.
Puis, ce fut la vue du gâteau qui apaisa son âme, comme si on jetait un seau d'eau en plein sur Jeanne D'Arc avant qu'elle ne prenne feu. Il fixa le délicieux chocolat en manquant de baver dessus, mais gardant malgré tout ses allures un tant soit peu Gentlemenresque. Et la façon toute adorable comme Eve lui déposait gentiment sa nourriture le comblait d'un certain bien être, et même si ce dernier était parcourut d'une gerbille de parts et d'autres.

-Monsieur est servi~
- Ooh Eve ! Si je pouvais vous câliner, je l'aurais fais ~

Mais au risque que le rongeur ne lui saute dessus, mieux valait garder ses tendresses pour lui.
Doucement, il rapporta le plat vers lui, avant de remarquer le regard surpris que Eve adressait vers lui. Il avait l'habitude de voir une jeune fille plutôt calme et légèrement souriante, et voilà qu'elle insinuait être capable de faire sortir ses yeux de leurs orbites. Il manqua d'ailleurs de lui demander si elle préférait qu'il lui apporte une petite assiette pour qu'elle puisse faire tomber ses yeux dedans , mais le rire qu'elle eut ensuite et les paroles qu'elle proféra suffirent à répondre à son questionnement sur son soudain étonnement vis à vis de sa personne.


-Eh bien monsieur, vous me faites des cachoteries?~

Et mince. Gerbille découverte.
Le directeur cette fois resta bouche bée. En fait, une petite lueur d'espoir lui disait que peut-être que Eve ne parlait pas de ca et faisait simplement référence à autre chose. Peut-être était-ce le poster des One Direction qu'une élève lui avait donné et qu'il avait posé sur sa tente par mégarde, et avait ainsi donné l'impression d'en être un fan ? Ou encore le fait qu'il avait mis les mauvaises pair de chaussettes ? Comment avait-elle put remarquer qu'il en portait une rose et une bleue ? Comment ?...
Mais avant même de porter des chances sur ses alternatives, le petit rongeur sauta du col du directeur pour aller se loger sur le bureau, et gratouiller de ses dents un des petits crayons posé en pur aléatoire sur la table.

-... Ahah... Ah ~...

Ce petit rire avait tout un air crispé que le directeur offrait à la jeune femme. Il sourit à pleine dents, bien que ce qui le dévorait était surtout de la gêne. Il tira même sur son col en se sentant pris d'une bouffée de chaleur...Puis vint la panique.
Il se leva un peu vivement, en posant ses mains sur la table.

- Bon, très bien Eve ! Je me suis permis de vous confier beaucoup aujourd'hui, alors je vais me permettre encore une folie. Cela fais quelques mois que j'héberge cette adorable créature dans mon bureau. Par pitié, n'en parlez à personne sinon je risque des ennuis avec la direction !

Et naturellement tout en oubliant le fait purement ridicule que c'est lui qui est en tête de cette soi-disant "direction", et que le nom de son métier devrait clairement le prouvé. Mais hélas, cet homme se sentait constamment menacé par une force supérieure à lui qu'il prétendait être celle du "Directeur du directeur" qui veillait à ce qu'il effectue son travail avec droiture et respect des règles. Règles qu'il a lui même écrite, naturellement. Et qu'il respecte donc stupidement alors qu'il pourrait très bien les changer.
Je vous laisse 4 heures pour trouver une logique à cela, pas plus. Je ramasserai les feuilles en fin de cours.

- Ooh Eve ! Si je pouvais vous câliner, je l'aurais fais ~

"J'en prends note monsieur, j'en prends note~"
Voilà ce que pensait Eve sur le moment. Oui ben quoi, c'est normal de vouloir un câlin d'une personne qui nous attire. Et Eve ne comptait pas se le cacher, bien qu'elle le voyait pour la première fois, elle se sentait attirée par monsieur Sunshine, même si il est plus âgé, qu'il est directeur, et qu'elle n'est qu'une gamine. En tout cas elle l'aura son câlin, maintenant qu'il l'a dit, elle va se démerder pour l'avoir. Et oui, c'est Eve, opportuniste à ses heures.
Voyant l'air perdu de son directeur, et surtout très maladroit, Eve le trouva encore plus craquant, et s'amusait à le voir chercher des excuses. Elle savait qu'il n'ignorait pas qu'il était cramé dans le fond. Et ça l'amusait. Eve était un peu sadique. Et puis voilà la bébête qui fit son apparition sur le bureau du dirlo, du genre "coucou cey moiiii, j'étais cachaaaaay".

-... Ahah... Ah ~...

Il n'y avait pas à dire, le directeur mal à l'aise en train de chercher ses mots était un spectacle délectant pour la jeune femme. Il était adorable, et très drôle. Elle élargit son sourire en le voyant ainsi, comme si elle attendait des explications, même si son regard était surtout très amusé.

- Bon, très bien Eve ! Je me suis permis de vous confier beaucoup aujourd'hui, alors je vais me permettre encore une folie. Cela fais quelques mois que j'héberge cette adorable créature dans mon bureau. Par pitié, n'en parlez à personne sinon je risque des ennuis avec la direction !

Devant ce côté enfantin du directeur qui était quand même à la tête de l'établissement, en train de supplier la jeune Eve de se taire quant à l'existence de ce rongeur au sein de l'école, la brune ne put s'empêcher de rire. Il petit rire mélodieux, caché par sa main un peu repliée, formant un poing légèrement serré devant sa bouche. "Et qu'est-ce que j'y gagne ?~" ça, c'était la pensée d'Eve, mais elle ne voulait en rien que monsieur Sunshine ait l'impression qu'elle voulait le faire chanter. Trop drôle. Cet homme était trop drôle. Surtout quand on regarde le contraste entre le fait de paraitre imposant sur son bureau, et de fondre en supplication. C'était tout sauf crédible, et c'était très drôle. Eve garda alors son grand sourire et posa à son tour les deux mains sur le bureau de monsieur Sunshine, en se penchant vers lui, très tentée de lui poser sa question. Elle plongea son regard dans le sien, d'un air à la fois compatissant et amusé.

-Allons monsieur, vous semblez en conflit avec vous même, vous êtes le directeur, vous n'allez tout de même pas vous punir~

Trop près. Pour Eve, elle était trop près. Pourtant objectivement, la distance qui séparait leur visage était tout à fait correcte, mais l'idée de lui voler un baiser n'était pas absente chez Eve, et elle savait qu'elle n'avait qu'à se pencher pour obtenir ce dont elle avait envie. Mais non. Eve n'aimait pas avoir de limite dans certains comportements, et là ce serait de trop. Elle se recula alors en gardant un air tout à fait à l'aise, priant pour que son directeur pense que la chaleur était la raison de la couleur rosée qui prenait doucement place sur ses joues. Elle regarda alors la bestiole, profitant du fait que ses cheveux cacheraient ses joues peu rosies certes mais rosies quand même aux yeux du directeur, et sourit, toujours debout face au bureau pour ne pas laisser de suspicion quant à son éloignement soudain. Eve se débrouillait toujours pour que ses gestes restent harmonieux, il ne fallait donc pas qu'elle aille à l'encontre de son attitude habituelle, quitte à jouer sur le fil du rasoir.

-Mais soyez sans crainte, je n'irai pas vous dire que vous gardez cette bébête mignonne avec vous, je ne suis pas dans le genre balance~

On aurait put faire une récompense. Oui, une récompense pour le meilleur regard de chien battu qui soit possible en ce monde. Mr.Sunshine aurait clairement été élu, étant donné celui qu'il nous offrait actuellement. On pourrait voir en lui en réalité un lien de parenté avec le chat botté. Et cela était peut-être la raison pour laquelle Eve avait une envie particulière d'avoir un chat, qui sait ?
Enfin bref. Tout ça pour dire que c'était bien amusant de voir le directeur soumettre ainsi son regard le plus suppliant et humide envers une élève . En général c'était l'inverse, pour éviter que l'élève ne se fasse coller ou exclure dans les cas les plus extrêmes. Mais pour une fois, la personne qui devait se mettre à genoux était ce jeune albinos dont l'autorité est aussi impressionnante que celle de votre poisson rouge. (En avoir un serait préférable. Ils servent toujours à réalisé comme l'inutilité est incroyable en ce monde. )
Le dire était très important. Mais revenons donc à cette situation. Après avoir proféré ses supplications quand à l'envie de garder sa petite Prussy, le directeur attendait la réaction de Eve. Oui, pourtant il devait être conscient qu'il pouvait lui faire confiance. C'était d'ailleurs pour le moment la seule élève avec qui il avait établit un lien ou la confiance était maître, mais tout de même. Au pire, il aurait put faire un chantage en disant que si elle le balançais, il lui refuserait une part de gâteau. Mais hélas, le chantage n'est pas non plus une chose que le directeur s'abonne à faire avec joie. Tous ces genres d'actes qui n'ont pour but que sa satisfaction personnelle n'étaient pas pour lui. Mentir, insulter, le chantage...Rien n'était fais pour sa personne parmi cela. Mais en cas extrême, il saurait en faire usage comme un Maître.
Puis, il remarqua que Eve venait de se pencher vers lui. Il avait ainsi une vue frappante sur le brun noisette des yeux de la jeune fille. Il en resta même un instant admirateur, ne les ayant vu que de loin jusqu'ici. Il avait toujours aimé voir les yeux des gens, c'était un peu ce qu'il remarquait en premier chez quelqu'un. Pour lui, il était clair que c'était le plus beau à voir, et Eve ne le décevait pas avec cette belle couleur. Il n'était pas forcément fétichiste des yeux bleus ou verts comme la plupart des gens. Un brun , s'il avait sa touche d'originalité, avait la capacité d'attiré toute son attention. Et cela depuis sa plus tendre enfance, ou regarder les yeux d'une personne avait été son plus grand passe-temps. Et ceux de Eve lui apportait un certain plaisir à observer. Un élément positif encore une fois, pour la jeune femme.

-Allons monsieur, vous semblez en conflit avec vous même, vous êtes le directeur, vous n'allez tout de même pas vous punir~

Ah, mince alors, ce détail avait échappé. Effectivement, c'était lui le grand maitre de cet établissement alors pourquoi se priver quelque chose qu'il est lui même apte de permettre ? Il en resta un instant perturbé, mais seulement après avoir décroché son attention des iris de la jeune élève. Il prouva son soudain déclic en relevant un peu la tête, et en laissant ses yeux un peu entrouvert fixé le vide avec surprise.
Cela , sans doute, lui avait fait oublié la proximité du visage de Eve. Et puis, il n'était pas du genre à remarquer tout les petits gestes qui pourraient sortir de leur contexte. C'est comme si il n'avait pas notion des moments ou l'ont pourrait s'embrasser, ou se toucher. Pourtant, il s'y connaissait en relations amoureuse, mais vous pouvez autant le câliner que à peine le regarder, il ne verra jamais en cela une tentative d'approche. Et puis, la notion d'élève-directeur lui sortait complètement aussi de la tête. Il n'irait pas repousser un câlin de quelqu'un sous pretexte que ce n'est qu'un étudiant. Loin de lui cette idée. Mais là nous parlons d'une proximité de visage, un peu plus intense que le simple effleurement de bras. Mais cette fois ci, si ce n'est les yeux de Eve, le directeur n'avait été frappé par rien.
Ni même ensuite la rougeur de la jeune fille lorsqu'elle s'était redressé. Et il liera surement, comme vous le dites, cela à la chaleur.

-Mais soyez sans crainte, je n'irai pas vous dire que vous gardez cette bébête mignonne avec vous, je ne suis pas dans le genre balance~

Suite à ses mots, sa profonde réflexion sur son combat intérieur avec la direction s'échappa de sa tête. Il soupira longuement de soulagement, en manquant de hurler de joie devant cette bonté incroyable. La petit gerbille se contentait de mordiller le crayon, sans participer au dialogue. Et je sais que cela vous surprend mes amis.

- Eve, votre bonté n'a d'égale que votre gentillesse ! Je vous remercie énormément de garder cela pour vous, et cela durant la période ou j'étudierai à nouveau le règlement !

Il sourit largement, d'un air bien plus apaisé par la situation. Il se leva ensuite de son siège en ne se gênant pas de prendre une petite part de gâteau déjà, mais attendant un instant avant de goûter. C'était bien son genre, celui d'attendre avant de faire plaisir à ses babines. Il pensait qu'ainsi, en prenant le temps de réalisé ce que l'on a avant de sauter dessus, on y prenait un plaisir encore plus flagrant et intense. Et cela tenait justement sur sa part qu'il attendait de manger, puis après avoir pousser légèrement le plat en avant pour inviter Eve à se servir aussi. Il redécouvrait par ailleurs la jeune fille des yeux, remarquant sa petite rougeur sur les pommettes, mais sans même pas s'y attarder un instant.
...Et la seule chose qu'il fit fut de perdre son air sérieux de quelque secondes et prendre rapidement la petite gerbille en la tendant vers Eve, avec un air de pur enfant qui aurait découvert un bâton qui ressemblerait à un sabre de Jedi.

- Elle s'appelle Prussy et n'a que 5 mois ! N'est-elle pas tout bonnement adorable avec son petit museau et ses petites papattes toute mignonnette ? ~

Alors qu'Eve se battait contre elle même pour garder un air digne, le directeur semblait être aussi soulagé qu'une personne constipée depuis des lustres quand ses sphincters se relâchent enfin. Ses iris rouges... Bordel ils étaient magnifiques. Pour elle jusque là, les yeux rouges c'était un mythe, elle avait bien remarqué que ceux de monsieur Sunshine l'étaient, mais les contempler de si près avait été un vrai plaisir pour ses yeux.

- Eve, votre bonté n'a d'égale que votre gentillesse ! Je vous remercie énormément de garder cela pour vous, et cela durant la période ou j'étudierai à nouveau le règlement !

Etant d'une nature à se remettre très vite de ses émotions et cacher avec brio ce qui la chamboulait, Eve releva simplement la tête vers ce cher dirlo, qui lui se délectait enfin de la pâtisserie qu'il enviait tant. Cet homme était fascinant dans sa façon d'être, tellement burlesque. Il pouvait être aussi maladroit qu'un unijambiste bourré, tout comme il savait être aussi délicat qu'une plume qui se pose sur l'eau après avoir suivi silencieusement les chemins du vent. Il semblait être un ensemble de contraire, et le tout se mariait très bien. Puis, après avoir eu l'air très brièvement sérieux, il s'empara du petit rongeur qui se servait d'un de ses crayons comme de son quatre heure, pour le tendre vers Eve, qui n'avait en rien la phobie des rongeurs. Elle avait un très bon contact avec les animaux, tout comme son frère malgré son air des plus apathiques.

- Elle s'appelle Prussy et n'a que 5 mois ! N'est-elle pas tout bonnement adorable avec son petit museau et ses petites papattes toute mignonnette ? ~

Un gosse, voilà à quoi monsieur Sunshine ressemblait. Sans doute qu'une autre personne serait restée perplexe face à cette attitude venant d'un directeur d'établissement. Mais non, Eve était loin de penser à tout ça. Elle était bien consciente de l'importance du rôle de directeur, mais pensait que tout prendre au sérieux faisait partie des facteurs responsables de la hausse de dépressifs. Elle n'aimait pas ce qui était sérieux, et plus elle regardait monsieur Sunshine, plus elle se disait qu'elle s'emmerdait dans sa vie. Il représentait tout ce dont elle aspirait. Il représentait sa devise même. "Pour devenir adulte, il faut savoir rester enfant, sinon on devient un vieux con". Elle avait vu à travers ses mots et sa capacité à briser sa carapace qu'il était bel est bien digne d'être appelé "adulte", mais un vrai adulte, pas une simple personne qui s'est contentée de pousser en prenant de l'âge, pas une sorte d'enfant frustré par le temps et rattrapé par ce qui le dépasse. Pas un simple être constituant le résultat de plusieurs circonstances. Il s'assumait vraiment, et ne se cachait pas. Sans doute cherchera-t-elle à devenir comme lui, même si elle sent d'ici la solitude qui l'attend. Elle se doutait que ce directeur devait se sentir seul, même si il faisait sans doute semblant de ne pas la voir. Mais après tout, au fond d'elle, elle se sentait déjà seule. Il y avait des choses qu'elle cachait à Hayden. Elle passait déjà pour une jeune fille plein de vice, aimée pour ses soins personnels, donc pas véritablement appréciée pour ce qu'elle était, mais elle s'ennuyait tout de même, malgré ces sortes de "jeux" auxquels elle jouait au quotidien. Donc la solitude au final, elle connaissait.
Elle esquissa alors un sourire, aussi innocent que celui de monsieur Sunshine, comme si elle était aussi émerveillée que lui, et elle ne faisait pas exprès. Elle lâcha simplement prise avec la Eve de d'habitude. Parce qu'elle savait qu'elle pouvait faire confiance à monsieur Sunshine.

-Rhowi elle est trop choue~

Elle tendit alors sa main, doucement, vers le rongeur pour ne pas lui faire peur, essayant d'être la plus avenante possible. Attendant que la bestiole ne vienne, elle se repassa quelques bribes de son passé en mémoire, le regard un peu perdu, mais pas spécialement mélancolique. Il n'y avait qu'un petit sourire sur son visage.

-Quand j'étais un peu plus jeune, j'ai eu plusieurs petits hamsters, deux souris et une gerbille, je l'avais appelée Brownie~

Eve, qui avait fini par laisser tomber son masque de jeune femme séduisante et accessoirement chef de Yellow Styles, était complètement retombée en enfance face au petit animal de son directeur. Le plus amusant chez cette bestiole moustachue, c'est que malgré la prétendue folie du directeur elle semblait être complètement sociable et adorable, et surtout toute douce. Comme quoi, même si ce cher monsieur Sunshine pouvait bouffer des Mikados périmés depuis la naissance de François Mitterrand, au moins il s'occupait bien de sa gerbille. Et on pouvait aisément voir à travers l'éducation donné au petit rongeur que monsieur Sunshine était quelqu'un de soigneux et d'attentionné, mine de rien. Encore un point qui faisait qu'Eve adorait déjà son directeur. Il fallait qu'elle le lui fasse comprendre, qu'elle l'appréciait déjà beaucoup. Elle allait reprendre la parole pour lui dire combien sa gerbille était adorable, quand elle le vit secouer les bras dans tout les sens comme le ferait une pompom-girl en pleine crise d'épilepsie, mais elle s'était déjà habituée à la gestuelle de monsieur Sunshine qu'elle trouvait absolument craquante.

- Oh mon dieu, vous utilisez là du passé dans vos verbes, ma chère ! Quel horreur, vos pauvres petits rongeurs doivent surement déjà être passé dans le monde d'à côté...Quel traumatisme, je ne saurais trouver de mots pour vous consoler !

Mais qu'est-ce que... Quoi ?? Un traumatisme ? Bon certes, Eve avait pleuré pour sa petite Brownie qu'elle aimait tant et qui lui faisait d'adorables petites crottes sur son canapé, tout en marquant ses jeans de son odeur d'urine déposée avec soin et sérénité, mais pas pour autant dire qu'elle en avait été traumatisée. Elle resta alors silencieuse, observant ce cher dirlo en train de farfouiner elle ne savait quoi dans son tiroir qu'elle imagina aussi bien rangé que son bureau, elle s'attendait à un autre de ses objets loufoques mais qui le rendrait davantage attachant. Il n'empêche que ce monsieur prenait très au sérieux la mort de Brownie, il devait donc être vraiment très attachée à sa gerbille. Simplement adorable. Eve avait une énorme envie d'aller lui faire un câlin tant elle trouvait sa façon d'être craquante, mais elle n'osait pas. Quelle bêtise. Elle pensa d'abord qu'il était directeur et qu'il ne fallait pas trop pousser à la camaraderie, mais avant d'être directeur, il était d'abord une personne. Une personne qui avait prit énormément de place dans le coeur d'Eve en si peu de temps. Elle l'observait alors silencieusement avec une certaine intrigue, restant tout de même dans ses pensées le concernant. Il sortit alors de son tiroir un... Une... Une rose voilà, ou du moins ça y ressemblait, qui était elle même en train d'engloutir un mouton dans ses pétale, ah le monde de monsieur Sunshine est fantastique, la logique est inversée c'est absolument formidable.

- Roh zut, moi qui pensais que cette rose irait rester propre éternellement...J'ai encore été arnaqué par mon facteur. Mais bref, passons ce détail ! Tenez ma chère Eve ! Rajoutez donc cette rose sur la tombe de votre adorable Brownie par exemple, pour témoigner de mes sincères sentiments envers lui ! Et si vous avez par mégarde perdu la trace de cette tombe, ce qui arrive n'est-il pas, j'ai d'ailleurs une superbe anecdote à ce sujet, une fois j'ai tenté d'aller rendre visite à une défunte personne, mais je me suis trompé de cercueil et j'ai dialogué des heures et des heures avec un vieil homme du nom de Henri. Ce qui est curieux, c'est qu'il me disait quelque chose, mais quand on sait que la personne que je voulais voir était censée être décédé d'un cancer des seins et que j'ai parler à un homme de ça, c'est assez- MAIS BON CECI N'EST PAS IMPORTANT , QUE DIS-JE BON SANG !

Eve resta un peu silencieuse, ne sachant pas dans quel ordre elle devait trier les informations qui venaient de lui être transmises, et resta bouche bée sans pour autant ressembler à cette saule que vous avez fait cuire pour nourrir des gosses ingrats qui la réduiront en charpie avant de se mettre à chouiner comme des gobelins et réduire votre capacité d'audition de 25%. Cette expression ne dura qu'une seconde, et elle éclata de rire spontanément avec le petit compagnon de monsieur Sunshine dans les mains, un nouveau rire qui sortait tout droit de son coeur, cristallin et plus enfantin que les précédents qu'elle avait déjà laisser sortir de sa gorge. Elle rit quelques temps, le corps un peu plié à cause d'une légère douleur aux abdominaux, la tête un peu basse, puis elle la redressa avec un grand sourire. Combien de fois allait-elle penser que monsieur Sunshine était un être adorable ??

-Non monsieur, Brownie était une fille.

Elle remua la tête, voulant répondre quelque chose à l'anecdote de l'albinos, toujours avec le sourire, puis elle adressa un petit clin d'oeil involontaire à l'homme qui se tenait en face d'elle.

-Et puis monsieur, comment pourrait-on vous en vouloir, après tout vous n'y êtes pour rien si les tombes n'ont pas de seins~

Voilà, le carpaccio de la finesse. Ce cher dirlo aurait aussi pu regarder le nom inscrit sur la tombe mais tout ce qu'avait retenu Eve se résumait à ceci: BOOBIES. Triste n'est-ce pas ? Et puis, elle vit son directeur se donnait une tape sur la main, comme sa maman faisait quand elle disait un gros mot. Diantre, si elle était encore en vie avec les vulgarités qui sortent de la bouche de sa fille Eve aurait les mains aussi grosses que celles de Kurama, le démon renard à neuf queues. Mouais, un peu spécial mais super rigoureux quand même. Enfin, monsieur Sunshine lui tendit ladite rose, plus calme.

- Peu importe mes antécédents, tenez ! Si vous ne pouvez la confier à Brownie, alors confiez là au moins à votre coeur ! C'est une fleur qui a beau être faite de plastique, elle n'en reste pas moins magnifique !

Ah, le piège. Que faire, comment réagir ?... Eve regarda un peu la fleur, ayant reprit elle aussi un air calme, et même vaguement nostalgique. Elle n'avait plus envie de quitter ce bureau. Elle était en compagnie d'un adulte, d'un vrai, et non pas d'un de ces enfants qui ont connu une croissance physique et que le temps a bourré de refoulements en faisant croire à leur égo qu'ils étaient "des grands". Non, on ne mesure pas un adulte à la grandeur de son enveloppe charnelle, mais à celle de son âme. Et aux yeux de Eve malgré son côté complètement out of no where monsieur Sunshine était bel et bien un adulte, qui avait su garder en son coeur les petites étincelles qui font la beauté de ceux des enfants. Elle reposa alors délicatement la petite gerbille sur le bureau de monsieur Sunshine et prit la rose sans rien dire, contemplant cette dernière. C'est vrai qu'elle la trouvait belle cette rose, et ce serait sans doute l'une des seules choses qu'elle pourra garder de monsieur Sunshine, même si cette fleur ne lui est pas adressée en priorité. Elle aurait volontiers exaucé son souhait de transmettre cette rose à son défunt petit animal, mais il se trouvait que sa mère l'avait simplement foutue à la poubelle en interdisant à Eve d'aller ranger son cadavre sur les places publiques. Eve avait trouvé ça écoeurant, de traiter un animal comme un déchet parce qu'il est petit et mort. Pour ça que le soir elle s'était levée en douce pour éclater la poubelle et rechercher sa petite Brownie en lui chuchotant des pardons et elle l'avait enterré en bas de ce qui était jadis chez elle. Elle s'était faite punir mais elle s'en moquait, au moins elle avait rendu un dernier hommage à sa gerbille.
Elle esquissa un léger sourire mélancolique en regardant la rose, sachant très bien ce qui adviendrait de cet objet si elle allait vraiment la déposer sur la tombe de Brownie, et n'ayant pas vraiment l'envie de retourner là bas.

-Vous savez, c'est avec plaisir que j'aurais donné cette fleur à Brownie pour vous, mais voyez vous où j'habitais, les gens n'ont aucun respect pour certains actes qui ont leur important, et je ne veux pas que l'endroit où j'ai enterré Brownie soit saccagé, donc si ça ne vous dérange pas je la garderai pour elle.

Elle releva le nez vers l'albinos et lui sourit simplement, une légère tristesse dans le regard, mais plus de reconnaissance qu'autre chose.

-Merci de vous préoccuper autant d'elle.

Well, premier fail pour notre directeur. Ce pauvre Brownie était donc aussi une femme, tiens donc. Voilà qui lui rappelais sa stupide anecdote au sujet de sa rencontre avec ce cher Henri dans cette tombe méconnue. Mais heureusement qu'il avait été trop absorbé sur son dialogue et l'entretien de sa fleur pour réussir à réaliser sa bêtise après les paroles de Eve. Et puis, le petit commentaire qui se chargeait de le rassurer au sujet de son erreur d'autre fois était des plus agréable. Dieu merci, enfin quelqu'un qui ne le prenait pas pour un idiot total après ce merveilleux récit.
Le rire de Eve était en tout cas très mélodieux. Mr.Sunshine aimait beaucoup juger les gens sur leurs rires. Une personne qui rit de manière très courte, cachant sa bouche avec ses mains laissaient deviner un caractère timide ou une manière très délicate et raffinée de vouloir exprimé sa personnalité. Mais Eve, à en juger par son faciès éclairé par un fou-rire tout récent, montrait bien qu'elle était à l'aise avec lui et heureuse par ces quelques instants. En tout cas, sincèrement heureuse, car ne comptons plus le nombre d'élèves qui ont rit devant le directeur tout bêtement , juste afin de se sortir d'une situation compliquée. Lui aussi tiens, il s'amusait à rire avec eux, espérant appaisé les tensions, mais à chaque fois les mots qui suivaient effaçaient leur sourires. Ca faisait du bien, une élève qui sourit sincèrement, et non pas pour gagner un quelconque intérêt la derrière. Il y avait de quoi en être heureux.
Ensuite, il attendit de voir la réaction de Eve, presque sautillant comme un enfant qui tendrais à sa mère une fleur qu'ils viendrait de cueillir, les mains crasseuses et les fesses pleines de boue après avoir jouer dehors en se roulant par terre comme un goret. D'ailleurs, je vous accorde un instant pour imaginer notre directeur jouer à rouler-bouler sur le sol, vêtu en costume de cochon et riant comme un âne. Non, en fait, n'imaginez pas. Le connaissant, il en serait peut-être capable un jour.
Il fut ensuite ravi de voir que Eve avait délaissé la dénommée Prussy sur le bureau, dans le but d'attraper entre ses doigts fin la fleur qu'il lui tendais. C'était une petite joie intérieure justement semblable à celle de ce petit enfant cité plus haut, l'instant après que sa mère l'ait chaleureusement remercié avec un baiser sur le front. Mais là ce n'est pas le cas. Et puis diantre, le Directeur n'avais jamais eut de bisou sur le front, alors il n'imaginais pas trop le sentiment que sa devait procurer. Et puis loin de là l'idée d'imaginer Eve se mettre sur la pointe des pieds pour abandonner un peu de sa salive sur le haut du faciès de notre albinos.
Puis, curieusement, un sourire autre que celui que le directeur avait perçu tout à l'heure se dessinais sur le visage de notre tendre demoiselle. Cela l'intriguais fortement, au point de s'en retrouvé un court instant déboussolé. C'est le genre de sourire que l'on fais lorsqu'une pensée triste y est liée. Espérant ne pas avoir fais une erreur en offrant ceci à Eve, l'albinos resta silencieux, attendant qu'elle montre signe de réaction.

-Vous savez, c'est avec plaisir que j'aurais donné cette fleur à Brownie pour vous, mais voyez vous où j'habitais, les gens n'ont aucun respect pour certains actes qui ont leur important, et je ne veux pas que l'endroit où j'ai enterré Brownie soit saccagé, donc si ça ne vous dérange pas je la garderai pour elle.

Ces paroles précédèrent un relevé de tête vers lui, ou s'esquissait un sourire léger, et un air reconnaissant, bien qu'attristé.
A cet instant, le directeur aurait put trouver toute la force du monde pour lui répondre avec un air parfaitement enfantin, pour rester dans le thème de ce petit enfant. Mais ce qu'il avait devant lui n'était pas sa mère, au contraire. C'était un de ses élèves, et désormais comme une amie. Et elle avait le visage d'enfant dont je m'étais servie pour décrire notre albinos. Il avait l'impression que c'était elle, qui tenait cette fleur, et demandais à gagner ne serait-ce qu'un peu de chaleur humaine.

-Merci de vous préoccuper autant d'elle.

Devant cela, il restait comme surpris, toujours un peu figé sur cette question de sourire nostalgique, portant surement derrière lui quelque chose de bien plus tragique que ce qu'elle n'avait osé lui dire tout à l'heure. Et puis cet endroit, ou elle prétendait que les personnes n'avaient aucun respect, était-ce si horrible que ça ?
Il voyait si mal Eve grandir dans un lieu pareil . Elle qui semblait avoir une sensibilité entièrement humaine en elle actuellement, il n'aurais pas deviner une seule seconde qu'une si jolie fleur aie poussé dans un sol des plus négligé.
Un petit blanc s'installa, le jeune directeur n'osant dire un seul mot. Il réflechissait, et cette fois avec une expression appaisée , étrangement différente des quelques secondes qui avaient précédés. Il laissa du temps, au temps. Comme s'il accordait au secondes leur temps de passage, et le plaisir de les sentir passé. Il semblait avoir été un peu perturbé, sans pour autant tomber dans une déprime totale. Il se sentait pincé de l'intérieur, se disant que Eve devait être cette catégorie d'élèves qui l'étonneront toujours.

-...Vous savez, Eve. Je n'ai aucun mot pour vous décrire. Et sans me vanter, je suis d'un naturel très bavard, et le vocabulaire n'est point ce qu'il me manque. Mais vous, vous faites partie de ces personnes inqualifiables. Dans le bon sens. Naturellement.

Un léger sourire revint se poser sur ses lèvres, ses expressions sérieuse ne tenant jamais réellement longtemps. Il se tourna, expirant un peu en jetant un air presque rêveur vers la fenêtre de son bureau. Il avait l'expression d'un élève qui s'échappe de son cour quelque instant, pour admirer l'extérieur depuis sa table, se disant que tout est bien plus beau dehors.
Tout est bien plus beau. Dès que nous prenons la peine d'observer attentivement. Tout est bien plus beau.

- A en juger par vos mots, je comprend. Vous avez grandit dans un monde ou personne n'a le respect que vous avez, ni même la sensibilité. Je le vois dans vos yeux. C'est un don, une qualité incroyable, de savoir grandir en restant avec une valeur du monde aussi belle que la votre. Vous êtes un peu comme cette rose , dans mon bureau. Dans le plus parfais capharnaüm, vous avez réussi à fleurir, et rester aussi belle que quand vous étiez une enfant.

Il sourit, regardant de nouveau la demoiselle en lui prouvant juste avec les yeux qu'il était sincère, et ne se fichait en aucun cas d'elle.

- Si je me préoccupe autant de Brownie, c'est car même en tant que simple animal, elle avait sa valeur. Et tout le monde en a une. Alors, n'oubliez pas que vous aussi. On est bien d'accord ma chère ?

-...Vous savez, Eve. Je n'ai aucun mot pour vous décrire. Et sans me vanter, je suis d'un naturel très bavard, et le vocabulaire n'est point ce qu'il me manque. Mais vous, vous faites partie de ces personnes inqualifiables. Dans le bon sens. Naturellement.

Eve baissa un peu les yeux. En son fort intérieur, elle riait. Elle riait de l'ironie de ces paroles, qui ne la qualifiaient tellement pas. Elle se sentait bizarrement inconnue par le directeur. Elle se sentait amère, et menteuse. Pourquoi est-ce qu'elle baissait ses armes aussi facilement face à lui ?...

- A en juger par vos mots, je comprend. Vous avez grandit dans un monde ou personne n'a le respect que vous avez, ni même la sensibilité. Je le vois dans vos yeux. C'est un don, une qualité incroyable, de savoir grandir en restant avec une valeur du monde aussi belle que la votre. Vous êtes un peu comme cette rose , dans mon bureau. Dans le plus parfais capharnaüm, vous avez réussi à fleurir, et rester aussi belle que quand vous étiez une enfant.

Plus ses mots imprégnés de beauté venaient l'ornait, plus elle brûlait d'envie de les démentir. Elle savait qui elle était, elle savait qu'elle n'était pas fondamentalement une mauvaise personne. Mais comment se qualifier de jolie fleur lorsque plusieurs engrais sont venus la souiller ?... A sa demande certes, pour conserver cette forme de paix douce avec les plus dangereux de cet établissement, mais ce n'était pas quelque chose d'elle qu'elle chérissait. Il lui venaient parfois en tête certaines leçons, comme le fait que le vice était la vertu, qu'on ne peut voir le beau que si on le cherche sous toutes ses formes, y comprit les plus répugnantes pour l'ego humain, car oui, le beau se trouve aussi dans ce qui peut sembler immonde. Elle se disait que pour devenir un être accompli, elle ne devait pas se voiler la face et se faire croire qu'elle était saine. Oh ça non, elle n'y croyait pas une seule seconde. Et lui, cet albinos qui semblait réellement être pur, voyait en elle une forme d'immaculée qu'elle n'était pas. Toutes ces leçons de sagesse n'étaient pour elle qu'un réconfort pour ses actes. Et elle se sentait menteuse.

- Si je me préoccupe autant de Brownie, c'est car même en tant que simple animal, elle avait sa valeur. Et tout le monde en a une. Alors, n'oubliez pas que vous aussi. On est bien d'accord ma chère ?

Elle répondit d'un simple sourire, aussi bienveillant qu'amer. Le sourire qu'on offre parce que la personne d'en face le mérite, mais qui traduit toute la moquerie qu'on peut avoir sur soi-même. Un sourire réconfortant et dérisoire. Elle hocha simplement la tête, la gardant basse ensuite.

-Certes. Mais monsieur, permettez moi de mettre quelque chose en lumière, ça me semble important.

Elle releva les yeux vers lui, comme si une soudaine distance s'était posée pour son plus grand regret. Elle en avait un pincement au coeur, pour dire vrai. Mais pour rien au monde elle ne voulait fuir ce qu'elle avait à lui dire, donc plonger la vérité dans son regard lui semblait obligatoire à faire. Parce qu'elle ne voulait en rien se dérober aux yeux de monsieur Sunshine.

-Vous êtes de loin l'adulte le plus censé que j'ai pu rencontrer, le plus authentique et le plus fiable, nous discutons depuis moins d'une demi heure mais j'ai déjà pu m'en rendre compte. C'est pour cela monsieur, que même si vos paroles me touchent profondément, je ne peux pas vous donner l'image d'une fleur que je ne suis pas.

Elle remua la tête et commença à se mouvoir dans la pièce, marcher aussi tranquillement que nerveusement, tournant le dos à son directeur. Ces pointes dans son comportement commençaient à l'agacer, elle ne s'était jamais montrée aussi bipolaire. Mais le contact avec l'albinos coulait comme de l'eau de source, elle n'y pouvait rien, il fallait qu'elle parle.
Elle na savait pas si elle était devenue la personne qu'elle voulait devenir. Elle voulait suivre des paroles de son oncle qui n'était pas pour la conservation d'un masque pour plaire aux bonnes moeurs de la société, et devenir une femme authentique dans sa nature. Mais dans le fond, son égo travaillé par les conventions lui soufflait toujours qu'elle était souillée.

-... Je ne sais même pas quoi ajouter à ça. Juste...

Un sourire illumina son visage, et pourtant elle restait silencieuse. Que dire, exactement ? Pourquoi elle avait autant parlé ? Pourquoi ne s'était-elle pas simplement tue ? Son sourire s'effaça aussitôt, elle avait l'impression d'être devenue folle l'espace d'un instant. Ses mains, qui avaient jusque là un peu gesticulé pour marquer son état d'âme, s'étaient tues elles aussi. Elles étaient là, le long de son corps, alors qu'Eve regardait le mur du bureau dans lequel elle se trouvait.

-... Juste que... Si je devais être fleur, ce n'est pas une rose que je serais. Juste une pâquerette.

N'importe qui peut tenir une pâquerette dans ses mains, et les chiens pissent dessus. C'était là le raisonnement d'Eve. Mais tout ce qui bouillait en elle, elle ne pouvait pas le dire, elle ne pouvait pas mettre de mots dessus. Elle ne pouvait pas marquer son attachement soudain à son directeur à cause de sa façon d'être et ses mots réconfortant, elle ne pouvait pas lui raconter son rôle au sein de l'établissement, elle préférait pour cette fois garder ça secret. Elle se trouvait lamentable, elle avait l'impression de jouer dans elle ne savait quelle pièce aussi douteuse qu'un escargot bave, et elle trouvait ça horriblement énervant. Et pourtant ce n'était pas de la comédie, mais bel et bien son silence qui se manifestait par plusieurs bavardages, sans savoir donner queue et tête à la créature que formaient ses paroles. Idiote, c'est comme ça qu'elle se sentait.